mardi 11 juin 2013

Massacre d'Oradour-sur-Glane

Hier nous avons fêté un triste anniversaire, celui des 69 ans de cet horrible événement.
Ne pas oublier.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous invite à aller voir ce site, http://www.memoiredoradour.com , très bien fait, sur le sujet
Ci dessous, un témoignage, livré dans l'ouvrage "La page de catéchisme", d'Albert Valade.
Je m'appelle Florence, et le témoignage, qui j'espère attirera votre attention, est celui de mon grand-père paternel.



"Je m'appelle Jean Sègue. J'ai soixante ans, étant né dans le limousin le 21 novembre 1927 à Limoges. A l'époque, j'étais domestique de ferme chez Mr et Mme Pierre Reffanche, au Mas-du-Puy, commune d'Oradour-sur-Glane.
En début de l'après-midi, le samedi 10 juin 1944, mon patron et moi-même étions dans un champs, occupés à sarcler des haricots, lorsque nous entendîmes de forts ronflements de camions, très rares à l'époque. Puis dans le courant de l'après-midi, nous avons assisté à une pluie de résidus de papiers et de tissus calcinés.
Sur les morceaux de papier, on arrivait à lire. Nous étions en présence de morceaux de livres de catéchisme. Tout l'après-midi, cette bizarre pluie continua ; le soir, en rentrant au village, nous ne savions toujours pas ce qui s'était produit.
Le lendemain, dimanche 11 juin, après avoir appris par les rescapés le massacre de toute la population du bourg d'Oradour-sur-Glane, nous décidâmes, mes camarades et moi-même de nous rendre sur place. Notre petite équipe était composée de quatre personnes : les frères René et André Vignaud, Albert Valade, et moi-même. Nous avions encore l'espoir de trouver des parents ou des amis vivants.
En arrivant au village de Puy-Gaillard, nous trouvons les maisons et les fermes incendié, le bétail calciné. Nous commençons à réaliser l'étendue de la tragédie. Ce que nous allons voir par la suite confirme ce que les rescapés nous ont affirmé le matin même. Nous trouvons un groupe de personnes emmenant dans une brouette une personne dont on nous dit être Mme Rouffanche. En arrivant sur le pont de la Glane, nous voyons dans l'eau le corps d'un homme, et un nombre important de vélos et de motos. L'un de nos camarades, Albert Valade, écœuré, ne peut continuer.
Nous nous dirigeons vers l'église. Ce que nous voyons dépasse l'imagination... Devant nous, à l'entrée, nous voyons les cloches fondues : de grosses gouttes et d'autres morceaux de différents formes. Nous avons mal. Nous voyons les restes de corps d'enfants et de femmes entassés pêle-mêle sur la plus grande partie du sol de l'église, sur une épaisseur importante. Nous restons quelques minutes sans voix, atterrés par cette vision qui paraît irréelle, et pourtant, les faits sont là : ils les ont brûlé.
Et puis nous n'avons pas le temps de continuer, nous entendons le bruit de moteurs provenant du centre bourg, nous pensons que ce sont les bourreaux qui reviennent, nous traversons rapidement la rue et la petite place en contrebas pour nous retrouver sur les bords de la Glane, que nous traversons sans nous soucier de la profondeur tellement la peur est grande. Je pense que, même s'il n'y avait pas eu le bruit des moteurs, nous aurions été incapables de continuer à aller plus avant dans le bourg.
En arrivant au village, des nouvelles alarmantes nous attendaient. Les SS recherchaient les rescapés ; le conseil avait été donné aux villageois de soigner les bêtes et de partir coucher dans la nature. Les habitants du village du Mas-du-Puy sont allés coucher dans la forêt de Veyrac.
Nous avons pendant plusieurs jours exécuté ces conseils, puis les autorités allemandes et françaises ont décidé de rayer de la carte la commune d'Oradour-sur-Glane. Nous avons dû nous faire établir par les communes limitrophes des cartes d'identité. J'ai en ma possession une carte d'identité établie avec l'adresse du Mas-du-Puy, commune de Veyrac.
Espérant apporter ma modeste contribution à la vérité sur les évènements douloureux du 10 juin 1944, je déclare sur l'honneur l'exactitude de mes propos."

Jean Sègue, juillet 1988.

2 commentaires:

  1. Merci de nous avoir communiqué son témoignage, c'est très important de connaître l'histoire vraie!

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    1. Si peu de personnes sont au courant de son parcours.... c'est important de transmettre ... il ne faut pas que cela se perde. Merci pour ton commentaire :)

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